Qu’on se le dise : il nous arrive, en traduisant, de lire des choses merveilleusement étranges, de passer des heures sans fin à plonger dans des sources parallèles. À ce compte-là, les mois passés à produire L’accoucheuse de Scots Bay n’ont pas été exceptionnels. À preuve : ce petit répertoire de sources un peu étranges et très ciblées que j’ai consultées en effectuant des recherches.
Les dames du Scots Bay d’Ami McKay, tout comme certains hommes de ce village, sont de ferventes membres de la Ligue de tempérance. Lorsqu’elles se réunissent au centre communautaire pour faire le point sur leurs projets ou entendre les propos d’un conférencier invité, elles ont l’habitude d’ouvrir la séance et de la clore en interprétant ensemble des chants tirés d’un livre de cantiques. Au chapitre 15, « ‘Twas Rum That Spoiled My Boy » et « Send Me A Lifeboat » sont à l’honneur.
Quand le moment est venu de chercher des chants de circonstance pour rendre ce passage en français, je me suis demandée quelles chansons auraient bien pu rythmer les rencontres des regroupements anti-alcooliques qui existaient au Canada français au début du siècle dernier. À force de ratisser le Web, je suis tombée sur le répertoire de documents exposés à Québec à l’occasion d’un congrès de tempérance. L’essentiel du document m’a été tout à fait inutile. Mais à la page 33, l’élément 332 se déclinait comme suit : « Cantiques et chants de tempérance annotés et illustrés. Publiés par « La Tempérance ». Montréal, 1910. 40 pp. Quelques clics plus tard, une liste de seize chants apparaissait à mon écran. (Pour les curieux, j’ai choisi « Entendez-vous la tempête qui gronde » et « Marie est l’exemple ».)
2. Un rapport sur les usages et les représentations du goémon en Bretagne.
En Nouvelle-Écosse, il existe tout un marché pour la récolte et la vente d’algues. Dans le village de Scots Bay, la cueillette de ces végétaux marins, dits « dulse » en anglais, se pratique à un moment bien précis : le « Dulsing Tide », titre très évocateur en anglais que j’ai eu beaucoup de mal à traduire. En multipliant les clics, j’ai découvert un rapport détaillant les usages et les représentations du goémon en Bretagne. À la page 9 de 17 du document, ce témoignage m’attendait, tiré d’une exposition présentée en 2012 à la Maison de l’algue à Lanildut :

À mes oreilles, les basses mers de vives-eaux avaient une sonorité tellement poétique que je n’ai pas pu m’empêcher de retenir cette solution pour ponctuer le texte. À défaut de trouver une équivalence parfaite, c’est donc ce chemin que j’ai fini par emprunter pour accompagner les marées du goémon.
3. Quantités de textes consacrés aux noms de plantes inspirés par la tradition catholique.
Savez-vous combien de pages sont consacrées, dans Internet, aux noms de plantes inspirés par la Vierge Marie? Il y en a… disons… beaucoup.
4. Page après page de publicités alimentaires et ménagères parus vers 1918 dans l’hebdomadaire Le Prix courant, archivé à www.eco.canadiana.ca.
Celles et ceux d’entre vous qui avez lu L’accoucheuse de Scots Bay dans la version anglaise sauront que le texte d’origine est jalonné de petites coupures de presse tirées d’almanachs et de journaux parus à l’époque où se déroule l’intrigue. L’une de celles-ci provient du catalogue Sears Roebuck, lequel ne sera distribué en français que bien des années plus tard.
En fin de compte, n’ayant rien trouvé d’aussi intéressant que la publicité réelle reproduite dans la version anglaise, nous avons demandé à Olivier Lasser, graphiste extraordinaire, de donner un peu d’âge au contenu traduit. Comme quoi certaines choses résistent tout de même à mes aptitudes en recherche.
5. Quantités de sites sur l’histoire du vibromasseur
À force de faire défiler à l’écran des images des premiers vibromasseurs, circa 1916, j’ai remarqué que le contenu des annonces publiées sur Facebook dans la colonne de droite n’était plus du tout le même qu’à l’ordinaire. Parmi les ressources qui m’ont été les plus utiles pour comprendre la présentation visuelle de ces machins parfois franchement intimidants, je retiens les suivants :
- Le catalogue virtuel du Antique Vibrator Museum, qui a pignon sur rue à San Francisco
- GoodVibration, un blogue alimenté par deux collectionneurs d’appareils de massage anciens
- Un article paru dans Historiens sans frontières intitulé Cent ans d’histoire du vibrateur électrique 1860-1960